Vidéo: Charlotte Gainsbourg et Connan Mockasin, Ashes To Ashes
Charlotte Gainsbourg a envie de Live,
par Charly Ouate, Rue 89, 13 mai 2012
Actrice et chanteuse, Charlotte Gainsbourg mène avec sérénité ces deux carrières, à l’instinct et au coup de cœur, jonglant entre scènes et plateaux. Dans son actualité bien chargée : un film en compétition à Cannes, un nouveau projet de tournage avec Lars von Trier et une tournée de quinze dates avec le Néo-Zélandais Connan Mockasin jusqu’à la fin du mois. Concert prévu à Strasbourg le 18 mai à la Laiterie.
Elle a longtemps rechigné à monter sur scène, bien plus familière des plateaux de cinéma et de l’œil des caméras que du regard d’un public bien vivant dans une salle de concert. L’album 5:55 en 2006 n’a connu qu’une carrière studio ; IRM, en 2009, a déclenché l’envie du live. Assurément parce que le Californien Beck s’était installé aux manettes pour la production de ce disque.
« La scène, pour moi, ce n’était vraiment pas quelque chose de naturel. Je me suis poussée pour faire une tournée parce que j’en avais une image terrifiante. Mais je voulais en faire l’expérience. Puis c’est devenu excitant, et j’ai commencé à comprendre que ça allait procurer beaucoup plus de plaisir que de peur ».
Charlotte Gainsbourg trouve sa raison d’être au travers des expériences et elle semble y avoir pris goût, après un apprentissage démarré tranquillement en 2010 par quelques scènes à l’étranger, au Canada et aux États-Unis.
Assise par terre, en tailleur, un coude posé sur la table basse du salon de son appartement parisien, Charlotte Gainsbourg admet avoir trouvé « une petite légitimité à faire quelques dates aux États-Unis, car tout l’album IRM, c’est Beck, et tout a été fabriqué à Los Angeles ». Avant de sourire :
« C’était super marrant cette expérience, et sacrément drôle pour moi qui n’avais jamais rien fait de tel de me retrouver dans un tour-bus aux États-Unis ».
De cette tournée IRM est né Stage Whisper à l’automne 2011. Un double album qui combine onze titres intégralement captés en live, issus des tracklists d’IRM et de 5:55, et huit morceaux inédits écrits et composés au gré des rencontres et des collaborations, à l’image de ces quelques extraits : le très électro Terrible Angels (par Beck) qui met en scène une Charlotte Gainsbourg vénéneuse ou encore cette folk song douce et poignante, Memoir, écrite avec Conor O’Brien et interprétée ici à la télévision.
Les huit inédits incluent également des collaborations avec Charly Fink du groupe Noah & The Whale (la ballade amoureuse Got to Let Go), Asa Taccone d’Electric Guest (Anna) et Connan Mockasin, le prodige néo-zélandais auteur d’un très aquatique et psychédélique Out of Touch, avec lequel Charlotte Gainsbourg effectue cette tournée du mois de mai.
Charlotte Gainsbourg et Connan Mockasin partagent le même univers, sensible et mélancolique, et tous deux s’expriment en douceur. Mais Mister Mockasin atteint de surcroît une dimension lunaire qui se retrouve 36 minutes durant sur son premier album Forever Dolphin Love, belle et rafraîchissante pépite tout en bout de ficelles et tours de magie.
C’est d’ailleurs le côté rêveur et décalé de ce blondinet des antipodes qui a séduit Charlotte Gainsbourg. Jusqu’à monter sur scène avec lui et l’inclure dans cette série d’inédits qu’elle se refuse toutefois à considérer comme un album, même mini.
« Je me suis vraiment amusée car je pouvais me permettre d’aller dans toutes les directions sans avoir à revendiquer un style. »
Ces morceaux constitueraient-ils alors une éventuelle base pour un prochain disque ? La réponse est sans appel :
« Ça ne me donne aucune direction pour un nouvel album et ça ne m’a pas conforté dans l’idée de me reposer là-dessus pour faire un disque ».
Rien n’interdit toutefois d’imaginer que des idées, nouvelles et inédites, germeront bientôt dans l’optique de ciseler un nouvel opus…