Installée à New York, où elle cherche la consolation, la fille de Serge Gainsbourg a écrit « Rest », un album hommage à son père et à sa sœur disparus. Entretien.
Par Sophie Delassein, le 30 octobre 2017
Charlotte Gainsbourg ne fait le deuil ni de son père, Serge Gainsbourg, ni de sa sœur, la photographe Kate Barry. Après la mort de cette dernière, Paris était devenue pour elle la capitale d’un malaise visible, d’une mélancolie insoutenable. Le moral à ground zero, la chanteuse et comédienne a fini par s’installer à New York, où elle s’est mise comme par miracle à l’écriture.
Décomplexée, enfin libérée de l’ombre portée du génie paternel. Sur une pop électro maîtrisée de SebastiAn, à 46 ans, la timide et mystérieuse Charlotte Gainsbourg chante ses requiem à tout ce qui n’est plus : son père (« Lying with You »), sa sœur (« Kate », « Rest » et « les Oxalis »), sa propre enfance (« les Crocodiles »). La fille chérie du couple mythique Gainsbourg-Birkin fait enfin -sauter le verrou de la pudeur à laquelle une vie très tôt exposée publiquement l’avait contrainte. Et c’est somptueux.
Jusqu’ici, vous n’écriviez pas vos chansons. Etait-ce un blocage ou une fuite ?
J’ai souvent essayé, mais j’étais chaque fois déçue de ne pas aimer ce que j’écrivais. Il y avait une grande frustration et beaucoup de complexes. Quand j’ai débuté le travail avec le groupe Air sur mon album « 5:55 » [2006], ils essayaient d’écrire et moi aussi, de mon côté, tout en sachant que je n’y arriverais pas. D’emblée, je leur avais dit qu’il fallait trouver un auteur. Je voulais chanter en anglais parce que je
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