À UNE SEMAINE de l’ouverture de la maison de Serge Gainsbourg, sa fille Charlotte est à la fois heureuse et incrédule de la partager enfin avec le public. Pensez ! Depuis la mort de son père, en mars 1991, elle est l’unique propriétaire et gardienne du temple du 5 bis, rue de Verneuil.
Par Éric Bureau, Le Parisien, 14 septembre 2023
Êtes-vous soulagée d’ouvrir la maison ?
CHARLOTTE GAINSBOURG. Pas du tout (elle rit) ! Je le serai si je vois que les gens aiment venir, si ce lieu est vivant. Il y a un petit côté voyeur. Mais ma mère qui ne l’a pas visitée comme ça, me disait : « Mais c’est très bien, voyeur. » Le côté impudique, je vis avec depuis toujours. Tout le monde sait tellement tout de nous… Je n’ai pas le sentiment de révéler des secrets, mais de montrer une autre vision de son travail.
Rien n’a bougé depuis sa mort !
Personne n’y entrait. C’était des conditions de conservation idéales. J’ai tout gardé comme des trésors.
Vous n’avez jamais envisagé de l’habiter ?
Si ! À un moment j’ai eu des soucis d’argent et j’ai pensé vendre notre maison avec Yvan et venir au 5 bis. Et je crois qu’Yvan m’a dit : « Tu te fous de ma gueule ! » (Elle rit.)
Quel a été le déclic ?
J’ai eu peur pour mes enfants, j’ai eu peur qu’ils ne sachent pas quoi faire avec cette maison. Cela a été un poids pour moi pendant trente-deux ans, de me dire que je voulais en faire un musée, mais qu’il y avait tellement de contraintes que je n’y arrivais pas… Il fallait que ça avance.
Avez-vous encore appris des choses sur votre père ?
Énormément. Mais pendant vingt-huit ans, je n’ai rien voulu regarder, rien lire, rien écouter de lui…Pendant quatre ans, ils ont fait un travail d’archéologue formidable. Je leur ai fait confiance, mais j’ai insisté pour qu’il y ait la dernière page du carnet de mon père, où il a marqué : « Donner les clés à Charlotte. Charlotte dodo ». Parce que le 28 février 1991, deux jours avant sa mort, il me donnait les clés pour que je vienne habiter avec lui. Je sortais d’une peine de cœur atroce. Cela va choquer les parents responsables (elle sourit), mais il m’avait mis à côté de mon lit les cigarettes que je fumais et un paquet de Lexomil (un tranquillisant). Je m’apprêtais à partager un truc avec lui… J’ai été cassée par sa mort à un point !
Retrouvez l’article en ligne pour lire le récit de la visite par Eric Bureau