Par Thierry Chèze (Studio Ciné Live), publié le 19/05/2011 à 09:30, mis à jour à 14:50
Deux ans après avoir obtenu le prix d’interprétation pour Antichrist, elle se retrouve de nouveau à Cannes sous la direction de Lars von Trier pour Melancholia, dans lequel elle campe une mère de famille confrontée à la dépression de sa soeur et… à la fin du monde ! Sa grâce infinie et mélancolique y font de nouveau mouche. Interview- express.
A quel moment Lars von Trier vous a t’il proposé de jouer dans Melancholia?
Charlotte Gainsbourg: Bien après la promotion d’AntiChrist. Il m’a appelé, alors qu’il était en train d’écrire, pour me dire qu’il pensait à moi pour un rôle et pour savoir si j’avais envie de retravailler avec lui. Il m’a alors juste précisé que c’était une histoire de deux soeurs. Mais avant même de lire son scénario, j’étais partante. J’étais tellement heureuse à l’idée de pouvoir le retrouver… Puis, en lisant son scénario, j’ai été séduite par la manière dont, à travers cette histoire, Lars parle de la dépression. On sent, comme toujours chez lui, qu’il y a quelque chose de très très personnel dans Melancholia. Il s’implique et se met en avant à travers des rôles de femmes: dans Antichrist, j’avais l’impression de le jouer et là le personnage de Kirsten, c’est lui ! Ca me touche qu’il montre ainsi sa vulnérabilité. J’ai aussi aimé le rapport entre les deux soeurs: celle que je joue qui semble tout contrôler avant de s’effondrer et l’autre, dépressive, qu’interprète Kirsten (Dunst), qui, parce qu’elle n’a rien à perdre, devient la plus forte face à l’imminence de la fin du monde. Pour tout vous dire, j’avais un peu du mal à assumer de devoir jouer à ce point quelqu’un d’aussi peu héroïque ! (rires) Ca ne fait pas plaisir d’être humain à ce point. Cette jeune femme que je joue a quelque chose de pas honnête qui me gênait mais qui rend aussi ce personnage intéressant car tout en aspérités.
Vous avez beaucoup travaillé avec Lars von Trier avant de tourner?
Quand je suis arrivée chez Lars, au Danemark, j’avais des tonnes de questions à lui poser. Et il n’a pas répondu à une seule ! (rires) Quand il a vu mon scénario rempli de notes, il s’est levé et m’a dit: « je vais faire une sieste » ! (rires) Donc, avant le tournage, on a parlé de tout sauf du film. On a juste fait quelques répétitions avec Kirsten. Et il m’a montré Persona de Bergman qui raconte une relation entre une comédienne qui a perdu l’usage de sa voix et une infirmière.
Quand je suis arrivée chez Lars, au Danemark, j’avais des tonnes de questions à lui poser. Et il n’a pas répondu à une seule ! (rires) Quand il a vu mon scénario rempli de notes, il s’est levé et m’a dit: « je vais faire une sieste » ! (rires) Donc, avant le tournage, on a parlé de tout sauf du film. On a juste fait quelques répétitions avec Kirsten. Et il m’a montré Persona de Bergman qui raconte une relation entre une comédienne qui a perdu l’usage de sa voix et une infirmière.
Le fait d’avoir travaillé déjà avec lui était un atout pour vous?
Pas vraiment. J’ai eu beaucoup de mal à trouver ma place sur ce tournage. On a commencé par les scènes de mariage du personnage de Kirsten où il y avait beaucoup de figurants. Je n’osais donc pas aller voir Lars pour lui demander ce qu’il voulait et je me sentais paumée au milieu de tout le monde. Sur Antichrist, comme j’étais au centre du film, Lars était forcé de me parler pour avancer. Mais sur Melancholia, chacun devait se débrouiller. Et ce jusqu’à ce qu’on tourne des scènes plus intimistes où j’ai pu retrouver un vrai dialogue avec lui. En fait, au début de ce tournage, le fait d’avoir tourné avec Lars m’a rajouté de l’angoisse car ne sachant pas ce qu’il pensait, j’avais l’impression qu’il ne l’aimait plus. Je me suis même demandé s’il ne regrettait pas de m’avoir choisie. Mais, à la fin du tournage, sa productrice m’a avoué que, peu après que je lui ai exprimé mes doutes, elle avait voulu m’appeler pour me dire à quel point Lars était heureux. Mais que Lars lui avait dit de ne pas le faire car il me voulait précisément dans cet état de malaise. Il aime que ses acteurs ne soient pas en sécurité. Et, même si ce n’est pas toujours agréable à vivre, je trouve qu’il a raison.
Pas vraiment. J’ai eu beaucoup de mal à trouver ma place sur ce tournage. On a commencé par les scènes de mariage du personnage de Kirsten où il y avait beaucoup de figurants. Je n’osais donc pas aller voir Lars pour lui demander ce qu’il voulait et je me sentais paumée au milieu de tout le monde. Sur Antichrist, comme j’étais au centre du film, Lars était forcé de me parler pour avancer. Mais sur Melancholia, chacun devait se débrouiller. Et ce jusqu’à ce qu’on tourne des scènes plus intimistes où j’ai pu retrouver un vrai dialogue avec lui. En fait, au début de ce tournage, le fait d’avoir tourné avec Lars m’a rajouté de l’angoisse car ne sachant pas ce qu’il pensait, j’avais l’impression qu’il ne l’aimait plus. Je me suis même demandé s’il ne regrettait pas de m’avoir choisie. Mais, à la fin du tournage, sa productrice m’a avoué que, peu après que je lui ai exprimé mes doutes, elle avait voulu m’appeler pour me dire à quel point Lars était heureux. Mais que Lars lui avait dit de ne pas le faire car il me voulait précisément dans cet état de malaise. Il aime que ses acteurs ne soient pas en sécurité. Et, même si ce n’est pas toujours agréable à vivre, je trouve qu’il a raison.
5 commentaires
merci pour ce superbe témoignage, j’ai l’impression d’entendre Charlotte
I return your visit to my tweets. I watched closely your work and as it has posted on Twitter. I question arises because I’m new to Twitter. I’ve noticed that you can put it lists. I do not even like my twetts separated by topic as well be called his comments. You could explain me how to separate, for example, cinema of poems or short stories. Thank you in advance. Ruben http://tiny.cc/vd64x
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I had not become aware that you were the star of « The Tree » excellent co-production French-Australian. Your job such as the Morgana Davies, and not to mention of the huge tree I was impressed. The role of a widowed mother, not knowing what to do, with 4 children, I was shocked. But the tree and its connotations for the family .. especially with the storm and embracing the house as if it were part of it. Shocking. The view of the South Australian, combined with the music .. Impress. Congratulations
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