Par Xavier Frere, L’Est Républicain, 26.05.12
Accompagnée de l’étonnant Néo-Zélandais Connan Mockasin, Charlotte Gainsbourg fait escale mardi à Nancy.
Sur scène, Charlotte sera accompagnée du groupe du Néo-Zélandais Connan Mockasin, et de leur batterie d’instruments et d’effets, opérationnels normalement…
Photo Jean-Baptiste MONDINO
Nancy. Il y a bien longtemps qu’elle a « tué » le père, qu’elle s’est émancipée de l’ombre tutélaire du feu Serge, Charlotte Gainsbourg en a d’ailleurs un peu marre qu’on aborde le sujet. Logique. Entre cinéma indépendant avec Lars von Trier (elle tournera prochainement « Nymphomania ») et pop anglo-saxonne plus que chanson française, elle trace sa route toute seule sans être une « effrontée ». Au contraire. Pour « Stage whisper » (Because) dernier album à moitié live, elle tourne et s’arrête à Nancy mardi.
LA CARRIÈRE MUSICALE QUE VOUS MENEZ VOUS-A-T-ELLE CHANGÉ ?
Je ne suis pas bonne en bilan, je préfère être dans le présent. Je sais en tout cas que je ne peux plus me passer de la scène…
LES CRITIQUES N’ONT PAS TOUTES ÉTÉ TENDRES SUR VOS PRESTATIONS SCÉNIQUES…
Je ne lis pas les critiques, parce que je ne vais me souvenir que des mauvaises. Les bonnes, je les oublie alors je ne vais pas me faire de mal…
VOUS AVIEZ BEAUCOUP D’APPRÉHENSION EN ABORDANT LA SCÈNE EN FRANCE, IL Y A TROIS ANS…
oui, ça m’intimidait beaucoup, plus qu’un public américain qui n’avait presque pas de visage. J’avais l’impression que les gens me connaissaient depuis que je suis toute jeune, comme si je jouais devant la famille. C’est plus intimidant. J’avais mes preuves à faire, mais c’est moi d’abord que je cherchais à convaincre. Pour cette deuxième tournée, j’ai moins de barrière, moins besoin de me protéger. Et avec Connan Mockasin, et son groupe, c’est beaucoup plus improvisé que la première tournée. Je me retrouve en lui dans sa timidité. On y va léger…
COMMENT AVEZ-VOUS RÉUSSI À CALER UNE TOURNÉE DANS UN AGENDA AUSSI CHARGÉ QUE LE VÔTRE ?
C’est une gymnastique, il faut prendre du recul entre chaque film, chaque album. Contrairement à ce que l’on croit, je suis très lente, je ne suis pas une boulimique de travail.
EST-CE QUE LE MILIEU DE LA MUSIQUE EN FRANCE VOUS A FACILEMENT ACCEPTÉ, ALORS QUE VOUS ÊTES PLUTÔT TOURNÉE VERS LA MUSIQUE ANGLO-SAXONNE ?
Effectivement, je n’ai pas l’impression d’avoir été réellement acceptée. J’ai été sanctionné au départ, aux Victoires de la Musique, parce que je chantais en anglais. Mais ça ne m’embête pas, tant que je fais ça sans calcul, par envie et par goût. Peut-être que je viendrai à chanter en français naturellement…
Enfant, en coulisses, aujourd’hui adulte, sur scène. Vous sentez un décalage ?
On est très isolé en fait sur scène. Les coulisses comme enfant ? Mes parents n’étaient pas des bêtes de travail, donc je n’étais pas trimballé comme je le fais avec les miens. Mes parents ont commencé une carrière de scène quand j’étais adolescente, donc je n’ai pas trop grandi avec ça.
ON VOUS COMPARE AVEC VOTRE MÈRE ?
Oui, on m’en parle, je ne vais pas empêcher ça. J’ai beaucoup de chance. Les Français ont généralement un regard bienveillant vis-à-vis de ma famille, et ça me touche. Mais on ne me dit pas ‘’je préfère votre mère’’…
EST-CE USANT, À LA FIN, CES RÉFÉRENCES PERPÉTUELLES À VOS PARENTS ?
Oui, ça ne s’arrêtera jamais. je suis très fière, c’est vrai, et moi-même je fais des digressions. Mais c’est vrai que ça m’embête. Certaines personnes connaissent mieux mes parents que moi-même. Parfois, on me parle de souvenirs avec mon père, et je n’ai pas forcément envie de savoir. Durant 20 ans, j’avais voulu créer un musée rue de Verneuil, et puis j’ai fait marche arrière. J’avais besoin d’un peu d’intimité avec mes souvenirs, et c’était le seul lien. Je garde ces quelques secrets pour moi.
Un commentaire
Pingback: Charlotte Gainsbourg @ L’Autre Canal, Nancy, 29 Mai, 2012 | Charlotte For Ever